Il y a des années – lorsque je n’avais pas encore fait du cheval mon métier – j’avais comme croyance qu’avoir son cheval pieds nus était le meilleur pour lui. Avec le recul et l’expérience, je me suis rendue compte que ce n’était pas si évident que ça et que si on voulait avoir un cheval non ferré, ça demandait beaucoup d’entretien, contrairement à ce qu’on pourrait croire aux premiers abords.
Voilà pourquoi
La première chose qui m’a fait réaliser qu’avoir un cheval pied nu, ce n’était peut-être pas le plus adapté à lui, c’est mon cheval. En effet, lorsqu’il était poulain, il était plein d’énergie et grattait le sol dès qu’on arrivait avec la nourriture. Cela a eu comme conséquence des sabots déformés et il a terminé avec des aplombs en panard. Le maréchal qui le parait à l’époque ne m’a jamais rien dit à ce propos. J’ai donc laissé faire la nature. Mais lorsque je suis arrivée au Portugal avec Ferrero, le maréchal m’a conseillé de lui mettre des fers et m’a expliqué pourquoi c’était utile pour lui.
En résumé, ça permettrait de rectifier ses aplombs (qui n’étaient pas bons du tout à l’époque). Mais mon cheval ayant déjà 4 ans, la correction ne serait que minime. L’idéal aurait été de le faire plus tôt, lorsqu’il était poulain. Cela aurait permis au cheval d’avoir des aplombs normaux et ainsi éviter tout les inconvénients de ses aplombs actuels.
Malheureusement, à l’époque je pensais que ce n’était pas bien de ferrer son cheval et tout mon entourage pensait pareil. De part notre ignorance, notre manque de connaissance, nous avions un avis bien arrêté sur la question et cela a porté préjudice à Ferrero…
Le ferrage, pour un temps déterminé ou à long terme ?
Dans le cas de Ferrero, il est resté ferré deux ans. Ceci a permis de limiter les dégats au niveau de ses aplombs mais pas de revenir à la normal. Il était déjà trop âgé pour ça. Quelques mois après notre retour en Belgique (donc 2 ans après la première ferrure), il a perdu un fer au paddock (merci la boue…) et j’ai décidé de le laisser pieds nus.
Suite à cela, j’ai compris ce que ça signifiait réellement d’avoir un cheval pieds nus…
Pieds nus, quel entretien et suivi avoir ?
Une fois pieds nus, l’usure anormale de ses sabots est revenue. En effet, Ferrero use plus vite la corne intérieur qu’extérieure. En quelques jours, la différence entre le côté extérieur et le côté intérieur a été de plusieurs millimètres, ce qui est énorme pour un sabot. Le défaut des aplombs jouant et n’améliorant pas la chose, les problèmes initiaux sont revenus.
Malgré une locomotion moins bonne liée à la perte des fers, j’ai décidé de le laisser sans ferrure pour un temps déterminé (après 6 mois sans, je peux dire qu’il est définitivement mieux ferré). Néanmoins, pour mon propre confort et pour éviter la perte des fers au paddock, j’ai décidé de le laisser sans fer mais en assumant les contraintes que cela impliquait. En effet, au lieu de faire venir le maréchal toutes les 6-7 semaines, la podologue doit venir toutes les 3-4 semaines afin de s’assurer que le pied s’use correctement et ainsi rétablir la disparité naturelle de ses pieds.
Malheureusement, j’ai pu remarquer que chez les amateurs, avoir son cheval pieds nus, pouvait signifier un entretien moins régulier que si le cheval était ferré. Si c’est ton cas, je préfère te prévenir qu’à long terme cela peut engendrer différents problèmes, comme par exemple des pieds plats ou des défauts d’aplombs. Pour que le pied nu soit efficace et bénéfique pour le cheval, le sabot doit garder une forme bien définie. Et pour cela, rien de tel que de discuter avec ton maréchal/podologue afin de voir à quelle fréquence tu dois le faire venir.
En conclusion
Avoir un cheval pieds nus, c’est très bien mais ça ne veut pas non plus dire que c’est mieux que de l’avoir ferré. Dans les deux cas, il faut pouvoir s’adapter au cheval, voir quels sont ses besoins au moment T et adapter notre choix en fonction.
Dans les deux cas, ce qui est important c’est le suivi.
Ca signifie donc qu’avoir son cheval pieds nus, ce n’est pas plus économique que s’il était ferré. En effet, le maréchal/podologue doit venir de manière plus régulière dans le cas d’un cheval non ferré. Sur du long terme, il n’y a donc pas d’économie de ce côté-là. Et si tu n’as pas un salaire conséquent et que tu ne peux te permettre de dépenser ce que tu voudrais pour ton cheval, je t’invite à faire un petit tour ici.
Si tu veux faire les choses de la bonne façon pour ton cheval, le côté économique n’est donc pas à prendre en compte dans ce cas-ci. Ce que je te conseille de faire, c’est de discuter avec les professionnels du milieu (maréchal et podologue) et voir en fonction de tes envies et des buts que tu as avec ton cheval. Une personne qui vise le grand prix n’aura pas les mêmes besoins qu’une personne qui va 3 fois en balade par année. Il faut donc adapter la solution à chaque cheval mais aussi à chaque cavalier.
Et comme on dit :
« Pas de pieds, pas de cheval »
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