Ce 22 novembre, le documentaire Operation X : Secrets of the Horse Billionaire a été diffusé sur une chaîne de télévision danoise (TV2 pour ne pas la citer). Celui-ci montre les méthodes d’entraînement utilisée dans les écuries du cavalier Andreas Helgstrand.

Qui est Andreas Helgstrand ?

Helgstrand est un cavalier de dressage danois qui a gagné plusieurs médailles, dont notamment la médaille de bronze aux jeux olympiques par équipe en 2008. En plus de cela, il a été plusieurs fois le vainqueurs des championnats de jeunes chevaux et a récemment obtenu une médaille de bronze par équipe aux championnats d’Europe à Riesenbeck. Une pointure équestre si on en juge son palmarès en compétition.

Helgstrand en compétition internationale de dressage
Helgstrand lors du « Dressage world cup » à Herning en octobre 2023

Oui mais…

Notre cavalier danois est désormais au centre d’un scandale car la chaîne de télévision TV2 a infiltré ses écuries. Une de leurs journalistes a été engagée comme groom et en a profité pour filmer en caméra cachée. Dans le documentaire (pour l’instant uniquement accessible au Danemark), la journaliste dénonce les méthodes d’entraînement violentes qui donnent lieu, notamment, à des blessures aux éperons, des cloques sur la croupe ou encore du sang dans la bouche… Et quand elle questionne ses collègues grooms à ce propos, ils lui disent que c’est quelque chose de fréquent et qu’ils mettent même du cirage à chaussures pour cacher les blessures.

On peut donc en déduire que ces méthodes ne sont pas rares dans les écuries du dresseur danois et que les cavaliers sont donc au courant des blessures causées par leur entraînement.

Quelle position peux-tu prendre face à cela ?

La première question qui me vient en tête, lorsque j’entends ce type d’histoire, c’est « Que pouvons-nous faire, à notre échelle, pour ne pas cautionner ce type de méthodes ? » car en effet, Helgstrand n’est pas le seul à entraîner des chevaux de la sorte et ne sera sûrement pas le dernier. Il est donc important, en tant que cavalier pro ou amateur, de savoir avec qui ont travaille et quelles sont les techniques utilisées pour entraîner un cheval.

La première chose que je voudrais soulever, c’est le fait de ne pas acheter de jeune cheval dressé. En effet, le business est à la mode des jeunes chevaux dressés car c’est ce que veulent les clients (donc les personnes comme toi). Si tu cherches un cheval capable de piaffer, passager et pirouetter alors qu’il n’a que 6 ou 8 ans, tu peux être certain que le cheval n’a pas été respecté lors de son entraînement. Pour arriver à un tel résultat si vite, cela signifie que les bases n’ont pas été vue correctement, que le cheval a été forcé dans son entraînement et qu’on a commencé à le monter de manière intensive trop tôt. Je te déconseille donc d’acheter un cheval de moins de 9-10 ans (Même 12 😉 ) et qui est déjà mis en haute école.

Jeune cheval au travail à pied

Et là, je sens que tu as envie de me stopper et de me dire : « Oui mais le budget… ». Effectivement, prendre un cheval plus âgé (mais qui ne l’est pas tant que ça si on réfléchit bien), ça a un coût. En effet, dresser un cheval tout en respectant son intégrité mentale et physique, cela prend du temps et même des années. Donc forcément, ça se répercute sur le prix. Malheureusement, il n’y a pas de solution miracle et si ton désir est vraiment d’avoir un cheval dressé, attends quelques années de plus, économise et prends le temps de trouver le bon. Si vraiment ton budget ne te le permet pas, choisis d’autres solutions, comme peut-être prendre cours sur des chevaux déjà dressés, afin d’ensuite dresser le tiens toi-même.

Si malgré tout, tu décides de prendre un jeune déjà mis au grand prix, sache que tes choix ont des conséquences sur les méthodes d’entraînement et que c’est comme ça que l’on se retrouve avec des cavaliers qui blessent les chevaux de façon permanente.

Un cheval prêt à recevoir des coups d’éperon dans les écuries de Helgstrand

A quel rythme travailler un cheval ?

Ce qui va suivre est ma méthode de travail, je n’ai pas pour prétention de dire que c’est la bonne et que c’est celle-ci qu’il faut suivre mais je pense que donner une indication sur ce qui peut être fait en fonction de l’âge est nécessaire à la suite de cet article.

De 0 à 3 ans

De 0 à 3 ans, on va enseigner les bases à pied au poulain c’est-à-dire lui apprendre à être mené au licol, attaché, à donner les pieds et lui enseigner les bases du respect. Pour le reste, il vaut mieux les laisser grandir en troupeau. C’est le plus beau cadeau que tu peux faire à ton poulain et la plus belle vie que tu peux lui donner à cet âge-là.

A 3 ans

Le pré-débourrage peut commencer afin d’arriver petit à petit au débourrage. Personnellement et lorsque c’est mon cheval, je fais une séance par semaine. Le débourrage se fait donc en douceur et sur plusieurs mois car il n’y a pas besoin d’aller plus vite et de bousculer le cheval à un moment crucial de sa vie.

Travail en liberté en vue de débourrer la jument © EquiVision Agency

De 4 à 6 ans

J’enseigne les bases du travail monté, tout en pratiquant du travail à pied. J’aime beaucoup le travail à l’épaule car ça permet au cheval d’apprendre des mouvements sans qu’il y ait le poids du cavalier sur son dos. Dans les premiers mois, le rythme et la rectitude sont des éléments importants. Ensuite j’introduis les exercices de basse école comme les cessions à la jambe, les épaules en dedans ou encore les appuyers. L’impulsion doit être présente dès le départ car c’est une base nécessaire pour un bon dressage. Les transitions sont aussi très présentes à cet âge car c’est elles qui vont garder le cheval en avant et motivé.

De 6 à 8 ans

Je perfectionne la basse école, j’enchaîne les différents exercices (épaules en dedans suivies d’un appuyer, deux appuyers sur la longueur etc). Je vérifie que le cheval répond bien aux aides et que les bases sont toujours acquises, tout en commençant à présenter des exercices plus compliqués (via des enchaînements par exemple). Le but du travail à cet âge va être de préparer notre monture au rassemblé. A cette période de la vie du cheval de selle, il faut faire attention à ne pas forcer sur les articulations, sans quoi ça laisse des traces indélébiles qui se manifesteront plus tard dans la vie du cheval (vers ses 13-14-15 ans).

A partir de 8 ans

A 8 ans, l’ossature d’un équidé termine enfin sa solidification. Le vrai travail peut alors commencer. S’il est abordé plus tôt, il y a de grandes chances que le cheval, au lieu de vieillir en travaillant, soit mis à la retraite vers ses 15 ans. Or un cheval peut facilement travailler jusque dans sa vingtaine. C’est pour ça qu’il est important d’attendre cet âge-là avant d’aborder la haute école. A partir de ce moment, j’aborde tout doucement les exercices plus compliqués, comme le piaffer ou les pirouettes. Bien sûr ceux-ci sont abordés avec des exercices préparatoires afin de rendre la difficulté plus facile et moins fatigante pour notre compagnon. On va donc pouvoir se faire plaisir en tant que cavalier, et ce sans abîmer le cheval. La haute école peut commencer afin d’avoir un cheval dressé quelques années plus tard.

Le travail du jeune cheval et le respect de celui-ci est donc très important. Si tu souhaites en savoir plus sur comment manipuler un jeune et quel type de travail faire avec lui, inscris-toi à la newsletter car une surprise arrivera dans le courant de l’année 2024 !

cheval couché

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