Que ce soit en dressage ou en CSO, lorsqu’on s’intéresse au bien-être du cheval, on apprend vite que travailler avec le chanfrein au-delà de la verticale, ce n’est pas quelque chose de recommandé. Pourtant, il y a des chevaux prédisposés à se mettre de cette manière. C’est notamment le cas des ibériques. Que faire face à cela ?

Avant d’essayer de régler le problème monté, il faut prendre plusieurs paramètres en compte :

1. La fixité de la main

La main du cavalier est-elle fixe ? Si ce n’est pas le cas, à chaque mouvement (volontaire ou involontaire), le cheval recevra un à-coup dans sa bouche. Ceci ne l’incitera donc pas à avoir confiance en la main du cavalier et il est fort probable que pour limiter les chocs, le cheval ait pour défense de passer derrière la verticale. La fixité de celle-ci est donc primordiale, spécialement avec des chevaux délicats en bouche.

2. La santé physique du cheval (ostéo/dentiste)

Cela peut sembler anodin et pas forcément lié à notre problématique mais j’ai déjà eu le cas par deux fois alors le mentionner ne fera pas de tord. Il y a des chevaux avec lesquels tu as beau faire tout ce que tu veux monté, il est impossible de leur faire passer le chanfrein devant la verticale. Peu importe les techniques/les manœuvres entreprises, elles terminent toutes en échec…

Les chevaux que j’ai connu avec ce problème avaient un blocage physique et ils ne pouvaient pas avancer le bout du nez devant notre ligne imaginaire. S’il leur est impossible d’aborder une certaine posture au naturel, il est impossible de l’avoir en selle !

Un cheval régulièrement suivi par un ostéo t’évitera bien des problèmes en selle.

Une autre chose à vérifier régulièrement, c’est la bouche ainsi que les dents. En général, on recommande la visite du dentiste et de l’ostéo au minimum une fois par an. Cela peut être plus en cas de soucis (dans ce cas, réfère toi directement à ton osté/dentiste ou vétérinaire. Il saura mieux t’aiguiller qu’un article lu sur le net).

3. Le bit et saddle fitting

Il est aussi important de vérifier que la selle et le mors soient adaptés à ton cheval. Si la selle pince ton équidé à certains endroits, il devra adapter des postures qui lui évite ces pincements. Parmi ces postures, il peut notamment y avoir le fait de passer le chanfrein derrière la verticale.

Le bit fitting est tout aussi important car si le mors de ton cheval ne lui convient pas, il n’aura pas envie de venir se poser sur le contact. Vérifie que la taille soit OK et que le modèle correspond à sa bouche (NB : Evite les mors trop gros, ça prend trop de place).

Maintenant que nous avons vérifié les paramètres extérieurs à notre travail, voyons ce que nous pouvons faire une fois en selle.

La première chose est de lui faire prendre confiance en la main. J’en reviens donc à notre point numéro 1, avoir les mains fixes. Celles-ci ne doivent jamais punir le cheval et doivent se trouver devant la selle. Afin de t’aider à fixer tes mains, il est bon de prendre certains points de repère. Tu peux notamment te référer à cet article pour en savoir plus.

Ensuite, sache que l’on ne tire pas sur ses rênes. En effet, si tu veux avoir une action sur une rêne (pour tourner par exemple) tu peux l’écarter mais surtout pas tirer. Si tu tires vers toi, inconsciemment, tu ramènes la tête de ton cheval à toi. C’est donc une habitude à éliminer pour ne pas amplifier le problème.

Ne pas mettre le cheval sur la main par les rênes

C’est sans doute l’erreur la plus courante lorsqu’on a un cheval et malheureusement, c’est celle à éviter à tout prix (surtout pour les chevaux qui passent au-delà de la verticale). En voulant placer ton cheval, tu vas lui imposer une position dans laquelle il ne va pas travailler de façon optimale. En règle générale, un cheval naturellement placé est un cheval qui tend sa ligne du dessus. Hors si tu forces cette position, ton compagnon va l’adopter mais ça ne veut pas forcément dire qu’il sera tendu sur sa ligne du haut. Tu donnes donc « l’impression de… » mais ce n’est qu’une impression.

Un travail long et bas

Apprendre au cheval à se tendre pour qu’ensuite, il garde le nez devant la verticale

Un cheval qui se met derrière la verticale (et donc la main) peut le faire pour différentes raisons. Certains le font par peur de la main, d’autres le font suite à un blocage ou d’autres encore car la position leur est confortable. Chaque équidé est un cas unique qu’il faut analyser pour comprendre mais de manière générale, s’il y a une chose qui va t’aider dans cette quête de remise en avant du bout du nez, c’est le travail avec l’encolure longue et basse.

Au début, tu n’auras pas grand résultat. Ne t’attends donc pas à des miracles du jour au lendemain mais à force de répéter et de travailler dans le bon sens, les choses finiront par se mettre en place et le cheval viendra se tendre sur tes rênes et ta main. Attention néanmoins à ce que le cheval ne tombe pas sur les épaules en pratiquant cet exercice.

Le travail latéral est là pour aider

Un des miracles à exploiter pour repasser le cheval devant la verticale, c’est le travail latéral et notamment (surtout) les cessions à la jambe. Celles-ci doivent être pratiquées de manière latérale (et peu en avant) afin que le cheval gagne en souplesse et augmente son impulsion naturelle. Si elles sont bien pratiquées, elles vont aussi aider le cheval à avoir un dos plus souple.

Et c’est via cette impulsion naturelle que ton chéri à 4 jambes va pouvoir tendre sa ligne du dessus, se gainer et ainsi adopter une meilleure position tête/encolure.


Pour te donner une idée, l’angle que tu dois rechercher au niveau de la tête/encolure doit être en forme de U renversé et non en forme de V reversé. Si le cheval adopte une forme de V, c’est que la position est forcée par la main et/ou qu’il ne travaille pas de manière optimale. Voici un exemple en photo pour que tu puisses visualiser ce que je veux dire.

Mars 2022, tête/encolure forme de V renversé
Mai 2023, tête/encolure forme de U renversé

Il s’agit du même cheval, avec une année d’écart. Durant l’année écoulée, son travail a essentiellement tourné autour des bases afin qu’il développe assez de muscles pour pouvoir se porter de lui-même. Cela a demandé du temps, de la patience et beaucoup d’exercices.

Ne sois pas trop exigent envers ton cheval s’il a ce défaut de passer son chanfrein au-delà de la verticale. Travaille le dans le bon sens, avec les bons exercices et tu verras que petit à petit, il va changer et venir sur le contact de lui-même.

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Un grand merci à Antoine d’A.d’Otreppe Photography pour les photos de 2023 !