Au fur et à mesure de mes aventures équestres, j’ai pu constater une chose concernant les rênes : Leur longueur est souvent mal ajustée. En effet, chaque cheval ayant une conformation différente, on oublie régulièrement d’adapter nos rênes à notre monture. Certaines encolures sont courtes, tandis que d’autres sont plus longues. Est-ce pour autant que tu adaptes correctement la longueur de tes rênes ? Pour le savoir, rien de tel que de se poser la question et de tester par toi-même.

Lucie et Artémis, mes cobayes


Je te présente ici, Lucie et Artémis. Le couple cavalier/cheval qui me sert de cobayes pour cet article. Pour te remettre dans le contexte, Artémis est très grand (+ de 1m70) et a une longue encolure ! Ils étaient donc parfait pour cet exemple, sachant qu’avec un petit cheval et une petite encolure, le problème des rênes est souvent moins marqué.

J’ai pu constater que beaucoup de personnes prennent leurs rênes trop courtes et cela a -malheureusement- des conséquences néfastes pour le cheval. Alors comment savoir si la longueur que tu emploies est la bonne ?

La première chose, c’est d’observer

Observe ton cheval à l’arrêt. Demande toi quelle est la taille de son encolure. Est-elle plutôt longue ou courte ? Et par rapport à tes rênes de filet, penses-tu que les rênes sont courtes par rapport à l’encolure, trop longues ou de la bonne longueur ?

Tant que tu n’as pas évalué la taille de l’encolure à pied, tu ne pourras pas juger correctement ce que tu dois laisser comme longueur au cheval une fois en selle. Comme je l’ai déjà dit, beaucoup de personnes ont tendance à prendre des rênes trop courtes car les chevaux ont, dans la plupart des cas, des encolures assez longues. Attention qu’il ne s’agit pas d’une généralité et que certaines races (Haflingers, PRE, lusitaniens etc.) sont des races avec des encolures plus courtes (bien qu’actuellement, on tente de les rallonger par l’élevage pour aller chercher des morphologies qui ressemblent plus à des chevaux de sport).

Lucie et Artémis, la bonne longueur de rênes


Voilà ce que j’appelle la bonne longueur de rênes. Pourquoi ?

Le cheval a assez d’espace que pour étendre son encolure, relaxer sa mâchoire et travailler avec les muscles du dessus. Les muscles du dessous de l’encolure quant à eux sont décontractés. Cette longueur de rênes est ce que j’appelle « la bonne longueur à l’instant T ». Pourquoi à un instant précis ?
En fonction du niveau de dressage du cheval, la longueur idéale va varier. Pour l’instant, Artémis a besoin d’un travail dans un équilibre horizontal. On va donc chercher à avoir une encolure qui se met dans le prolongement de son corps, à l’horizontal. Plus tard, lorsque le cheval sera plus musclé, on pourra relever son encolure mais attention que même relevée, le cheval doit continuer à travailler avec les muscles du dessus de son encolure et non ceux du dessous.

Dans le cas de la photo précédente, on observe que l’angle gorge-encolure est assez ouvert et qu’il forme un U renversé. On voit aussi que le chanfrein est au-delà de la verticale, chose qui pourrait poser problème mais qui n’est pas le cas pour le moment (voir pourquoi, plus loin dans l’article). Par la suite, lorsque le cheval ira chercher son mors et tendra beaucoup plus son encolure, il avancera son nez et on pourra rallonger les rênes afin que le nez soit devant la verticale mais pas au-delà. Malheureusement pour le moment, ce n’est pas possible car le cheval n’est pas prêt et si on lui donne plus de longueur, les rênes se détendent et le cavalier perd la connexion avec la bouche du cheval (cfr plus loin dans l’article).

Lucie et Artémis, rênes trop courtes


Voici un exemple avec les rênes trop courtes. On peut voir que l’attitude du cheval est différente. Le chanfrein est bien au-delà de la verticale, il y a une cassure à hauteur de la 3ème cervicale, ce qui est très mauvais pour le cheval. On remarque aussi que les muscles du dessous de l’encolure sont très contractés et que l’encolure, de manière générale, est tendue. De plus, l’angle tête/encolure est en forme de V renversé, là où on devrait avoir un U renversé. On voit aussi que le sous-gorge, qui était initialement bien réglé, est maintenant en train d’étrangler le cheval, ce qui peut causer des problèmes au niveau de la respiration. Et pour terminer, l’œil du cheval est moins serein que sur la photo précédente.

Afin d’entraîner ton œil, voici la même photo, avec la mise en évidence des éléments à observer sur le second cliché. Tu peux remarquer que le cheval travaille avec ses muscles du dessous. Qu’il y a de la tension dans la bouche et qu’un creux se forme près du garrot. Si le cheval est travaillé trop longtemps dans cette attitude, ça crée des encolures difformes car le trapèze (qui est un muscle) ne se développera par autour du garrot. Tu peux également observer l’expression du cheval par son oeil et la tension générale qu’il y a sur la tête.

Dernier cas de figure, les rênes trop longues

Pour ce dernier cas, prenons l’exemple des rênes trop longues. On observe de très bonnes choses, comme l’angle tête/encolure qui est forme de U renversé et non plus en V. Le muscle du haut est étendu et horizontal, tout comme l’entièreté de l’encolure. L’expression faciale du cheval est neutre et le sous-gorge n’étrangle pas notre partenaire. Par contre, le chanfrein est toujours au-delà de la verticale (si si !), même si les rênes sont flottantes.

Comment remédier à ce chanfrein au-delà de la verticale ?
Et bien il faut s’armer de patience. Comme on peut le constater, c’est un défaut lié au cheval et il lui faudra apprendre à pousser son bout du nez devant lui. Pour ça, nous passerons par une prise de contact dans la bouche. On fera comprendre au cheval que le contact est agréable et moelleux et au fur et à mesure des exercices, on lui demandera d’étendre son encolure en commençant par son nez. Le problème du chanfrein est un problème qui peut mettre des années à se résoudre mais si j’ai bien appris quelque chose le concernant, c’est qu’il ne faut jamais désespérer !
A force de patience et d’un bon travail, tout fini par se solutionner 😉

Lucie et Artémis, rênes trop longues


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